J'avais encore une fois rendez-vous chez le psychologue. Je le connaissais depuis quelques mois maintenant. Faut dire qu'à Liverpool, les habitants d'un quartier on les connait en trois jours. Pour mon psy' c'était pareil, il m'aura fallu trois séances pour apprendre à le connaître et me familiariser avec ses questions. C'est pas mon ami loin de là. C'est juste un type qui écoute les problèmes d'une cinquantaine de personnes en deux jours et qui s'intéresse vraiment sur le cas de trois personnes. J'en faisais parti, il m'avait dis que mon cas était vraiment passionnant. Ce type était un psychopathe, la première fois il m'avait vraiment fais mauvaise impression surtout que la carrure du mec balèze et costaud n'allait pas du tout avec le timbre de sa voix qui était plutôt doux et apaisant. Bref, voici un extrait de ma première entrevue avec lui.
« Parlez-moi un peu de vous, James. » Que je vous parle un peu de moi ? Je veux bien mais y a pas grand chose à dire sur moi et ma vie. Je m'appelle James-Noah Rhodes, j'ai vingt-sept ans, je viens d'obtenir un post en tant que chirurgien sur une île des Bermudas, ma mère vient de mourir et mon penchant pour l'alcool ressurgit. « C'est pour cette raison que vous êtes venus ici. » Ouais enfin non. La dernière volonté de ma mère était que j'entre dans une cure pour me désintoxiquer. Mais sérieusement, je commence à être connu ! Vous me voyez aller dans un centre de désintox' et demander à ce qu'on m'dessaoule ? Non non, ça marche pas comme ça avec moi. J'ai mes principes et puis, je suis pas non plus alcoolo h vingt-quatre, faut pas déconner. « Pourtant votre sœur nous a dit que .. » Non mais ma sœur c'est une pauvre conne. Faut pas écouter toutes ses salades aussi. Qu'est-ce qu'elle vous a dis exactement ? Que j'étais un baiseur ambulant, un saoulographe de première qui était pas foutu d'arrêter ? Je les connais ces histoires. Toute façon dans notre famille on est tous des cons. Y a que mon père qui tient encore la route. En fin de compte j'aimerais mieux être à la place de ma mère(...) « Non, ne dites pas ça James. Je suis sur que votre mère ne vous aurait pas laisser dire cela. » Qu'est-ce que vous en savez ? Vous les psy' vous êtes tous les mêmes, à toujours vouloir chercher d'autres problèmes alors qu'il y en a suffisamment assez comme ça. C'est dingue. Ah mais pour pomper le fric des gens là, vous êtes les meilleurs. Ma mère était probablement l'unique être dans son foutu monde à m'aimer sincèrement. Mon père était jamais présent chez moi et ma sœur me haït parce que je lui en ai toujours fait baver étant gosse. Maintenant que je gagne bien ma vie, j'aurai aimé offrir de l'argent à ma famille, ma mère surtout pour qu'elle se reconstruise suite à son cancer. Ouais, elle avait un cancer .. un cancer des poumons. Je lui avais toujours dit d'arrêter de fumer, que c'était pas bon pour elle. Et pourtant, elle m'écoutait jamais, elle préférait se cacher dans son coin et cloper, cloper et encore cloper. Elle s'était la fumette, moi la bouteille et ma sœur la boulimie. A nous trois on se formait un beau trio *rire* « Je vois. Ça a du être éprouvant pour vous toutes ses tensions qui émanaient du foyer familial. » C'est sur. Ça fait maintenant quelques mois que ma mère est partie, ouais elle est partie à l'âge de cinquante quatre ans. Vous vous rendez compte ? Elle était jeune. A côté de ça, j'ai d'autres soucis à régler : Je viens tout juste de repeindre ma maison mais il me reste quelques meubles à installer, ma copine vient de me larguer après trois ans de relation & pour finir des internes en chirurgie me harcèlent sexuellement. « On vous harcèle sexuellement ? » Oui ! C'est incroyable. Y a des nanas dévergondées qui m'appellent pour avoir une consultation et au final ça se termine en orgie. *silence* J'ai beaucoup de mal à calmer mes pulsions parfois. « Hum, ne rentrons pas dans les détails. Vous dites que votre petite-amie vous a quitté ? » Ouais, pour une fois que je pensais que je tenais le bon bout, je me suis encore plantée. C'est de sa faute. Elle était devenue complètement folle, une vraie teigne ! Je sentais bien que les deux derniers mois avaient été atroce pour elle parce que j'étais pas assez présent à ses côtés, je l'écoutais moins, j'étais plus aussi amoureux d'elle qu’autrefois pourtant .. Je l'aimais quand même. Elle a su que je sortais souvent le soir pour aller dans les boîtes, sans elle. Elle l'a mal pris, je le conçois mais je sais pas .. Je suis redevenu le connard que j'étais il y a dix ans. Le gars qui se prend jamais au sérieux et qui saute sur tout ce qui bouge. Et puis, elle connaissait mon penchant pour les belles femmes et les bouteilles d'alcool. C'était pas nouveau. Pourtant, elle est resté avec moi, coûte que coûte. Chais pas trop pour quelle raison elle s'est autant attachée à moi.
« Peut-être à cause de votre argent ou votre soudaine notoriété ? » Pour mon fric ? Non, à cette époque j'étais encore en bas de l'échelle, je me contentais de récurer les toilettes des restaurants pour gagner un peu d'argent. J'étais pas très connu, vous me direz, là non plus je ne le suis pas trop mais quand même .. J'arrive à concilier plusieurs choses à la fois. Mais bon, je veux plus parler de cette fille. « Parfait. Une dernière question, vous vous plaisez à Soraya ? » Je dois dire qu'au départ, je m'attendais pas à tomber dans un endroit pareil. J'ai fais mes études dans le Mississippi et j'ai été étonné qu'on m'envoie dans ce genre de lieu. C'était pas du tout ce que j'avais prévu à la base. Ca fait quoi, plus d'un an que j'y suis et je m'y sens bien. Les gens sont aimables bien qu'un peu coincés. Certains me paraissent louche ; leurs sourires sonnent faux. Mais je me plains pas. J'aime ma vie, j'aime les femmes, l'alcool et mon boulot. De quoi peut-on rêver de mieux ?